And if it wasnt for the music ♫ ft. TESS

Ce soir-là, des amis m’avaient appelé pour aller boire un coup en ville, au Trinity, là où tous les jeunes se rendent pour sortir. Je m’étais donc préparé avec soin, bien sûr. Une jolie robe noir et couleur or, avec une coiffure lâchée. Et bien éviddement un maquillage digne de ce nom pour un événement pareil. J’adorais ce genre de soirée. J’avais donc hâte de m’y rendre. J'avais reçu plusieurs messages pour savoir où on se rejoignais. Apparemment, ça serait directement devant le bar. Je prends mon sac à main et me voilà parti. Ce n'est pas très loin car c'est dans mon quartier.

Je retrouve mes amis devant le bar. Je les embrasse et nous entrons. Nous sommes tous très excité par cette soirée. Il y a encore une ambiance de folie. Les gens rient, dansent, boivent… Quelques temps après, un jeune homme prend les platines, un que je n’avais encore jamais vu ici. Il prend les platines et commence à sortir son son. Je dois dire qu’il est plutôt doué. J’emmène une fille avec moi et nous dansons tout le reste de la nuit.

Nous rentrons tard dans la nuit, ou devrais-je dire le matin. Je me sépare de mes amis et je pars en direction de mon appartement. Je marche quelques instants lorsque je vois le dj un peu plus loin devant moi. Je presse le pas et le rejoins. Il est encore jeune, apparemment il est étudiant, sinon il ne serait pas dans ce quartier, non ? Il a une clé à la main, j'espère que je ne vais pas trop le dérangé mais je l’aborde quand même.

- Eh c’était toi le dj au Trinity tout à l’heure ?

Je lui souris, lisse ma robe et remet mes cheveux en place.  

Je ne trouve rien de mieux à faire que de jouer avec le double des clés de l'appartement pour que le temps passe plus vite entre le club et notre chez-nous avec Hope. La nuit me paraît froide alors que nous devons facilement dépasser les quinze degrés voire même les vingt à cette période de l'année. Mais cette idée s'explique par le fait que je viens de quitter un intérieur surchauffé où j'ai quelque peu transpiré au point de demander une serviette au bar pour essuyer les quelques perles de sueur qui ornaient mon front à la fin de mon set. Celles-ci étaient la conséquence d'un mélange entre température ambiante et stress de ces premières fois bien que je peux déjà compter mes représentations sur plusieurs doigts de la main.

L'anneau du porte-clés autour d'un doigt, je fais tournoyer l'ensemble qui projette de légers cliquetis métalliques à chaque contact entre deux clés. Il y a celle de la porte d'entrée, celle de notre casier qui fait office de boîte aux lettres dans le hall d'entrée du bâtiment où nous nous sommes installés, et celles de mon scooter. Je pourrais très bien me déplacer en deux-roues mais je préfère le silence de la marche pour ne pas réveiller Hope dans mon retour nocturne. Je m'immiscerai encore dans notre lotissement à pas feutrés et me laisserai capturer par la nuit bien entamée dans le sofa à main droite dans la première pièce de l'appartement. Ce sont les vacances, donc peut-être qu'elle ne dormira pas encore mais je resterai prudent une fois en approche de ma destination. Tout comme je ne veux pas risquer d'abîmer mon vélomoteur en le garant devant l'établissement où je me produis, à la merci du moindre acte de vandalisme. Je ne connais pas assez le taux de délinquance dans le quartier pour être rassuré de repartir avec des griffes ou des éclats.

Je ne suis pas encore éloigné de deux cent mètres que je suis apostrophé par une fille aux longs cheveux blonds prolongés par une tenue dans les mêmes tons jaune brillant. Toute ressemblance avec un début de célébrité se crée quand elle cherche à s'assurer que je suis bien celui qu'elle pense. A vue d'oeil, nous devons être de la même tranche d'âge elle et moi. Même si d'apparence elle ne m'attire pas vraiment, je m'assure que Hope n'ait pas délogé pour secrètement me suivre et observer mes activités nocturnes. Même si nous ne sommes plus ensemble, c'est une réaction instinctive qui me prend de vérifier le calme aux alentours, ou du moins de me rassurer que le niveau d'alerte est suffisamment faible pour m'accorder une discussion avec quelqu'un. Je ne veux pas avoir d'ennui pour l'instant dans le projet de reconstruction que je me suis lancé, alors je me refuse si un seul regard est braqué sur moi. Des airs de starlette qui se la joue en mode "Pas de paparazzi"? Peut-être. Conforté de la quiétude qui m'entoure, je récupère ma vraie nature:

- Yep. Sacrée mémoire. J'en déduis que mon mix t'a plu si tu ne sors que maintenant.

Mon sourire s'élargit après le sien. Elle ne paraît pas imbibée par l'alcool - ou alors elle le tient excellent bien. Du coup, je me convaincs qu'elle fait partie de cette quinzaine de personnes qui n'ont pas trouvé la soirée longue et qui ont apprécié un minimum le son que j'envoyais. Ou alors, elle va me claquer une bonne critique en face en conservant un air sympathique. J'ai trop de certitude parfois, et cette alternative n'apparaît même pas dans celles que j'imagine.

- Si tu veux un autographe, ne traîne pas à le demander, car dans dix minutes je serai en approche de chez moi.

Trop emballé par la notoriété que je fabrique dans ma tête avec cette fille que j'assimile comme étant une fan de la première heure, je me sens pousser des ailes pour parler de la sorte. Je ne sais pas qui elle est, d'où elle vient ni où elle va. Mais c'est mon caractère d'être un brin mégalomane et de tout ramener à moi sur quelconque interprétation. Si cela s'avère, elle n'a juste que parié avec une amie à elle que je suis le DJ pendant que l'une des deux ne croit pas l'autre. J'aurais l'air un peu stupide si tel est le cas. Et puis me livrer sur mon adresse sans penser aux éventuelles conséquences, ce n'est pas très réfléchi de ma part sur le coup. Quand l'adrénaline retombe je me laisse trop souvent parler; et pas toujours avec les bons mots. Enfin, ca c'est tout le temps.