Deux semaines après la fameuse révélation. Celle qui a chamboulé ma vie entière. Je n'arrête pas d'y penser, je regarde cette lettre tous les jours en priant pour qu'il y ait eu une erreur. Ils se sont trompés, non, ce n'est pas possible ? Pourquoi mes parents m'auraient menti toute ma vie ? Pourquoi, quand je leur criais que j'avais été adopté (pendant mon adolescence rebelle) pourquoi aucun des deux n'a eu l'idée me dire la vérité ? Tout est remis en question. La seule fois où je ne pense pas à ça c'est lorsque je travaille, même si une bombe vient de m'exploser en pleine face, je ne peux pas me permettre d'être distraite. Beaucoup d'enfants ont besoin de moi, mais aujourd'hui je suis en repos, chez moi et j'ai vraiment besoin de réponses. Le lendemain, j'ai même appelé le labo pour être sûre, ils m'ont certifié qu'il n'y avait pas d'erreur. Mon monde s'effondre..

Je ne bouge pas de chez moi, on est dans l'après-midi, j'essaie de joindre ma chère mère au téléphone, mais elle doit être partie faire du yoga ou je ne sais quelle activité pour son bien-être personnel. Je soupire, je ne peux pas appeler mon père vu qu'il est décédé. Je me tourne alors vers mon frère, qui est rentré de l'armé, blessé. Même lui, je ne comprends pas qu'il m'ait rien dit. Je ne lui ai pas encore parlé du test, je lui ai parlé de rien. J'attendais peut-être qu'il me le dise de lui-même que je ne suis pas sa vraie sœur et que j'ai été adoptée petite, quand je n'avais aucun souvenir. Je ne comprends vraiment pas ce choix. Non, j'aurais vraiment aimé savoir plutôt que de grandir dans un mensonge. Je les aurais quand même aimés, c'est ceux qui m'ont élevé et ceux qui m'aiment plus que ma propre famille biologique qui a décidé de m'abandonner. Tout est tellement frais et je suis complètement paumée. Je ne sais plus qui je suis, je n'ai plus l'impression d'avoir une identité. Ma mère m'a tellement raconté ses choses à propos de son bébé, de Zoelya qu'elle a vu naître, elle me racontait que j'étais la plus belle des petites filles, qu'ils m'attendaient avec impatience mon frère, mon père et elle. Tout ce qu'elle m'a dit, toutes les certitudes que j'ai sont complètement flous. Après de multiples tentatives pour envoyer le bon message, j'envoie à mon frère :

Salut Lulu, tu es dispo aujourd'hui ? Il faut vraiment qu'on parle. Bisous Zozo.

Je ne voulais pas l'inquiéter par message, mais un véritable interrogatoire l'attend. Je sais qu'il ne me mentira pas, enfin je l'espère. En l'attendant, je fais couler un café et je décide de manger une pomme. Je suis complètement stressée, j'ai peur des réponses qu'il va m'apporter. Au bout d'un certain moment (je ne pourrais pas dire combien de temps, pour moi ça fait une éternité), l'interphone retentit. Je réponds et lui ouvre puis une ou deux minutes plus tard, voilà mon grand-frère devant la porte. Je le serre dans mes bras, heureuse de le voir comme d'habitude. « Ca me fait plaisir de te voir ! » Je le serre plus fort que d'habitude, bien que je sois heureuse qu'il rentre (presque) sain et sauf chaque fois. « Entre, tu veux boire quelque chose ? » Je me pousse afin qu'il rentre, bah oui, il ne va pas rester sur le perron.