You need to look strong [Jensena]

Je comatais dans le canapé après avoir réussi à endormir Valentina. Aujourd’hui, mini Robinson avait décidé de ne pas dormir et d’embêter sa maman qui semblait s’ennuyer. A chaque fois que je quittais sa chambre pensant qu’elle dormait, ma petite créature s’époumonait jusqu’à temps que je la prenne dans mes bras pour la bercer. Espérant que cela l’endorme, je lui chantais des berceuses russes que maman me chantait étant petite. Ce n’est qu’au bout d’une heure de bataille que Valentina a réussi à s’endormir, j’allais pouvoir me détendre devant la télévision. Je zappais plus qu’autre chose ne trouvant aucun programme à mon goût. Je me suis arrêtée devant un téléfilm de l’après-midi, rien de très intelligent, le genre de chose que l’on regarde pour se vider l’esprit et ne penser à rien. A moitié affalée sur le canapé, je regardais d’un œil l’écran et gardait une oreille alerte vers le babyphone.

Le téléphone retentit dans tout le bas de la maison, me réveillant au passage. Heureusement, Valentina n’a pas été réveillée et pour éviter cette tragédie, je me suis dépêchée de décrocher. Le numéro affiché sur l’écran était celui de l’hôpital, bizarre si quelque chose n’allait pas avec papa, maman m’aurait appelé sur mon portable, enfin on aurait d’abord pensé à me joindre sur mon téléphone portable.« Nana ? C’est Jack. T’es assise là ? Euh.. Je m’excuse de t’appeler sur le fixe, mais ils voulaient que ce soit fait de façon officielle » « Qu’est-ce qu’il y a ? » « Jensen est à l’hôpital, on lui fait des examens pour voir s’il n’a rien » Pendant une minute, il y a eu un silence des deux côtés du téléphone. Je ne croyais ce que me disait mon ami, Jensen était vivant. Inespéré, on m’avait clairement expliqué qu’aucun survivant n’a été trouvé et que du coup, tous étaient morts. Et là, on me dit que mon mari est bien vivant est sur mon lieu de travail. Ma petite larve va connaître son père et pouvoir partager des souvenirs avec lui. « J..J’arrive dans une dizaine de minutes » il ne m’en a fallu pas plus pour me réveiller d’un coup. Un sms plus tard, maman allait garder Valentina pendant quelques jours, pour que Jensen prenne un peu ses marques. Il fallait aussi que je fasse un rapide détour par la salle de bain pour être présentable et qu’il se souvienne qu’il a épousé une femme qui prend soin d’elle. Maman venait d’arriver en ouvrant grand la porte et criant mon prénom, ce qui réveilla bébé. Heureusement, elle a tout de suite été la voir pour la calmer et essayer de la rendormir. Quelques paroles échangées et je cours vers la voiture, presque prête à retrouver l’homme que j’aime.  Pendant tout le trajet, j’avais un sourire stupide plaqué sur les lèvres et une ou deux larmes qui coulaient. Ce moment tant attendu depuis six mois va enfin arriver, j’allais le revoir en chair et en os, la chair rose et vivante et non allongé sur une table métallique le corps froid.

Jack m’attendait dans la salle d’attente où des personnes prenaient leur mal en patience pour savoir si la personne aimé va s’en sortir ou non. Arrivée à sa hauteur, il me prit à l’écart de tout et prit une grande inspiration. « Avant d’aller le voir, il faut que tu saches quelque chose… Il est arrivé amnésique. Il ne se souvient pas de toi et encore moins du fait que tu étais enceinte. On lui a dit mais il n’arrive pas à se remémorer tout ça. » Un choc, oui comme si je me prenais un tsunami en pleine face. Ma bonne humeur s’est brisé avec ces mots, moi qui pensais déjà retrouver notre complicité d’avant et mettre cet épisode de côté, on peut dire que c’est totalement raté. « Oh.. J’aurais dû me douter qu’il y aurait un problème du genre. J’ai compris, je dois y aller doucement. » Une mèche de cheveux de nouveau à sa place, j’étais maintenant en face de cette porte qui renfermait mon mari qui n’était plus mort. Quoi dire pour briser la glace ? Quelle attitude adopter pour ce premier contact après six mois ? Fallait-il que je sois tout de suite familière ? Ou alors attendre qu’il commence à se rappeler de certaines choses ? Et encore une centaine de questions se bousculaient dans ma tête. Une grande inspiration et me voilà à pousser cette porte et le voir assis sur le lit d’hôpital, poser son regard sur moi comme s’il essayait de se rappeler que j’étais cette femme qu’il a épousé quelques années plus tôt. Je me suis approchée de lui de quelques pas, le regardant puis la pièce. « Hey.. Comment tu sens ? On te traite bien j’espère. »