La chaleur du mois de juillet, les rayons écrasants du soleil perçant par la fenêtre entrouverte. Zach poussa la porte et alla s’allonger sur le dos, dans l’herbe fraîche du jardin. Le ciel était d’un bleu intense, dépourvu d’un quelconque nuage. Une simple immense bleutée, lisse et infinie. Zacharias avait entendu son père repartir quelques heures plus tôt et comme à chaque fois, son départ laissait un vide en lui. Ce paternel, Zach ne le connaissait pas très bien. Sans cesse parti sur les routes pour son métier, confortablement assis dans son camion.
Sa mère par contre, elle se donnait du mal pour le rendre heureux. Elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour voir son sourire s’épanouir. Zacharias n’en était pas encore conscient à cette époque, pour sa vision de petit garçon, elle exerçait simplement son rôle de maman. Il lui faudrait bien des années et de la maturité pour comprendre qu’elle n’avait pas été qu’une mère mais une excellente maman. Cette après-midi-là, comme beaucoup d’autres, Zach la passa dans le jardin à rêvasser et à jouer. C’était le temps où ils vivaient encore dans une maison bancale, sorte de vieille bicoque assez délabrée où Zacharias avait honte de ramener ses amis. Cela dit, ça ne durerait pas toujours ...
2
Sa mère aurait refusé alors, Zach ne lui avait rien dit. Il avait simplement fait confiance à cette femme qui l’avait repéré dans la rue et qui lui avait donné une petite carte. Elle s’était présentée comme un agent pour mannequins et lui, avec son physique svelte et ses traits ciselés, il avait la gueule de l’emploi. Zacharias savait que son père les avait abandonnés depuis quelques années même si sa mère persistait à lui dire que non. Il n’était plus du tout rentré du jour au lendemain et l’adolescent l’imaginait bien s’être trouvé une autre femme, plus jeune et moins maternelle sans doute.
Pour autant, ils devaient continuer à vivre et le salaire de sa mère suffisait à peine à combler les dépenses et les factures. Zach voulait se rendre utile et puis, être mannequin, ça ne coûte rien ! À ses yeux, ça ne demandait ni effort ni travail. C’était parfait.
Quand il arriva sur la scène du photoshoot, Zach vit l’agent en question s’approcher. Elle lui tendit des papiers à signer et bien qu’il n’avait que seize ans à l’époque, il mentit et se fit passer pour majeur. Dès que ces formalités furent faites, on le plaça au maquillage puis on lui présenta sa partenaire de photos. Ils furent emmenés devant l’objectif et Zacharias vit les stylistes lui déboutonner la chemise puis le pantalon. Il s’imaginait devoir poser en sous-vêtements comme ces mannequins dans les pubs à la télé sauf que subitement, il sentit des doigts sur son caleçon. D’abord gêné, il entendit très clairement le photographe lui dire qu’il devait dégager s’il refusait. Alors Zach laissa faire.
Il posa avec sa partenaire et ce fut les prémices d’une carrière bien sordide.
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La peau chaude d’une demoiselle tout contre la sienne, quelques soupirs puis un lourd silence suivi d’un « COUPÉ ».
Zach s’éloigna du canapé et adressa un clin d’œil à sa partenaire. Il se dirigea d’un pas désinvolte vers le buffet toujours en tenue d’Adam. Après avoir croqué dans une pomme, il se retourna pour voir son assistante s’approcher à grandes enjambées. Elle lui tendit son téléphone portable, sa mère l’appelait.
Depuis des années qu’il exerçait ce métier et jamais sa mère n’en avait entendu parler. En même temps, Zacharias se doutait bien que sa maman ne regardait pas le type de films dans lequel il jouait. Cependant, plus d’une fois, il avait failli se faire griller par des amis de la famille qui eux, avaient ce genre de passe-temps. Thanksgiving approchait et sa mère voulait l’inviter, lui et sa femme, au dîner en bonne et due forme. Zach accepta très volontiers, ça serait l’occasion d’annoncer à tout le monde la grossesse de Jenna.
Zach n’était pas sûr d’être à la hauteur, pas sûr d’être prêt à devenir papa. Il avait tout juste vingt-et-un ans et ne se sentait pas apte à assumer une telle responsabilité. Pourtant, sa femme était tombée enceinte très vite après leur mariage donc la suite paraissait plutôt logique.
Cet hiver-là, bien après que toute sa famille ait appris qu’il allait être papa, Zach reçut un appel de la police. Une femme avait mis fin à ses jours et avait laissé une lettre d’adieu dans laquelle elle stipulait que sa fille était celle de Zacharias. Après un test génétique, il s’avéra qu’en effet, il s’agissait bien de sa fille. Fruit d’une coucherie au tout début de sa carrière. Cependant, Zach n’aurait pas pu l’abandonner ou la laisser au système alors il la recueillit et l’éleva après la mort de sa mère.
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Son premier mariage fut un échec cuisant. La seule bonne chose résultant de cette union étant son fils. Zacharias fit alors la rencontre d’une autre femme, destinée à devenir sa seconde épouse. Zéa eut beaucoup de mal à accepter la carrière de son petit-ami au début, elle qui était plutôt du genre conventionnelle se retrouva prise de court. Cependant, elle l’aimait vraiment et par amour, accepta. Ils eurent ensemble trois beaux enfants et arriva enfin le moment où Zacharias réalisa qu’il ne pouvait plus mener le même genre de vie qu’auparavant.
Ses enfants allaient bientôt grandir, devenir adolescents et s’ils venaient à apprendre ce qu’il faisait comme métier, ils risquaient de le détester. Ils comptaient beaucoup trop à ses yeux pour que Zach mette ça en jeu. La petite famille quitta donc New-York et ses fréquentations instables pour aller emménager à Oxtown. Ici, ils comptent bien repartir de zéro.